Peut-on utiliser le destin tragique d'Anne Frank et l'holocauste comme thème de comédie musicale ? 

C'est depuis 2007 que Jean-Pierre Hadida est habité par ce projet et se bat contre les idées reçues des uns et des autres. Le mot « comédie » fait grincer les dents de certains tandis que le mot «musicale » fait bondir au plafond d’autres. Ce spectacle, proche du théâtre musical, comme aime le définir son créateur, suscite beaucoup de polémiques et fait tout d'abord quelques timides apparitions; puis des représentations exceptionnelles, le plus souvent à guichet fermé. Pour être officialisé lors du 65e anniversaire de la libération des Camps.

 

Mais c’est hier soir, à l'Espace Pierre Cardin, à Paris, qui a eu lieu la Première Presse, devant un publique hétéroclite, dont quelques personnalités (Pierre Cardin, Christine Boutin, Christina Alonso, etc.), ainsi que des représentants de la grande presse parisienne comme Paul Wermus et David Genzel.

 

J'y étais aussi et j'ai partagé l'émotion et l'enthousiasme de la salle. Et maintenant je suis en mesure de vous donner une réponse : Oh que oui, on peut et on doit mettre un drême en musique car c’est une manière insolite, mais puissante de rendre hommage à Anne et de réveiller sa mémoire.

 

Chaque drame ou injustice humaine porte en soi un son, une musique et des paroles. Et quand on sait les écouter, la tragédie humaine peut se transformer en comédie musicale, nous prendre aux tripes et nous transporter, tout naturellement, tout simplement. 

photo.JPGCertes, le danger c’était de tomber dans l'effet "plumes et paillettes" ou dans le misérabilisme pleurnichard. Ou, pire, dans un sentimentalisme malsain. Mais si le sujet est grave et la tension persiste tout le long du spectacle, le traitement est subtil et positif. L'équilibre est là. Anne, symbole d'une horrible histoire, est aussi une jeune fille espiègle, insouciante, drôle, pleine d’imagination et d’espoir, qui rêve d’amour comme toutes les filles de son âge, et qui fait même sa petite crise d’ado. 

 

C'est vrai, il fallait oser ! Mais les textes sont magnifiques, l'histoire respecte parfaitement le rythme du livre, et elle est superbement interprétée par des comédiens-chanteurs. L’incroyable jeunesse de la troupe apporte une note de fraicheur tandis que les chœurs de l'AICOM entourent le publique dans les loges, des deux côtés de la scène, encore une trouvaille insolite qui donne une touche d’originalité. Sans parler de l'étonnant mariage de slam, rap, piano et violoncelle qui finissent par rendre le passé présent. 

 

La mise en scène de Pierre-Yves Duchesne est juste, sobre, intelligente. Les personnages évoluent dans un décor dépouillé, mais rempli de vie. C’est exactement la même sensation que j’ai ressenti lors de la visite de la maison d'Anne Frank, à Amsterdam. 

 

Bref, j'ai trouvé ce spectacle parfaitement réussi, étonnant et émouvant à la fois, et je vous conseille de ne pas le rater. Ce ne serait que pour vous faire votre propre opinion. Un grand bravo à ce fêlé de Jean-Pierre Adida qui a été jusqu’au bout de sa folie artistique en nous plongeant dans la lumière et en nous démontrant que quand l’amour et le respect sont là, l’impossible devient possible.

 

Anne le Musical

Musiques et paroles: Jean-Pierre Hadida 

Mise en scène: Christine Giua et Pierre-Yves Duchesne 

Direction musicale: Raphaël Bancou

 

Du mercredi 13 avril au vendredi 15 avril 2011 à l'espace Pierre cardin, 1 avenue Gabriel, 75008 Paris

Puis : tous les mercredis soir à 19h30 au Théâtre du Gymnase Marie Bell (grande salle) 01 42 46 79 79

 

Représentation exceptionnelle à Paris le Jeudi 30 janvier à 20h30 au Théatre du GYMNASE

 

Photo : Cloé Horry (Anne Frank) entre Julien Husser et le rappeur S.M.O.  Photo D.R

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